Des jours et des nuits où la vie recommence... comme ça.
Elle s'asseoit sur le tabouret du bar, règle la hauteur, un peu trop haut pour elle. Elle pose l'ordinateur, elle vient de sortir de la salle de bain où comme pour oublier ses tracas, elle s'est enduite de crèmes en tout genre, mirant tout ses défauts, sa peau d'orange, ses pieds secs, ses seins un peu trop encombrants, ses cicatrices, traces de sa vie passée qui ne s'effaçeront jamais. Elle sent bon la fleur d'oranger, entends Manureva, et le glouglou de l'eau qui fait bouillir les pommes de terre.. Depuis la fenêtre on peut voir la pluie qui s'abat violemment, et les décos de Noël qui scintillent.
Mademoiselle rêve... et chute cruellement à chaque fois. Pourquoi donc les projets ne se conjuguent jamais à la première personne du pluriel ? Elle donne tant, et reçoit toujours si peu. Ce matin, elle a entendu en zappant à la radio, qu'on reproduisait peu ou proue les mêmes échecs que nos très chers parents divorcés. Parait-il que les enfants de couples instables auraient du mal à construire un nid douillet sans y trouver de problèmes. Il y a juste que, là, elle ne voit pas vraiment où elle a fauté. Il ne fait que parler pour lui, jamais pour eux. Elle ignore encore si c'est pas pure égoïsme, ou si on ne lui a jamais appris à conjuguer la vie à deux.
Serait-elle une fois de plus là où elle ne doit pas être ? Est-elle uniquement faite pour subir des relations moyennes, potables, où elle souffre plus qu'elle ne sourit ?
Elle profite de plus en plus de ses moments de solitude, elle ressent ce sentiment de plénitude de plus en plus avec les autres, de moins en moins avec lui.. Elle l'aime c'est sûr, mais l'aime t-il ne serait-ce qu'un peu ? N'a t-il pas juste le besoin de se sentir adoré, et d'assouvir sa domination sur une personne toute vouée ? Autant de questions qui tournoient dans sa tête, peut-être autant dans la sienne à lui, mais qu'en sait-elle, il n'a jamais l'air ébranlé par des doutes, droit, toujours droit dans ses bottes.. indétrônable.